17 nov. 2013

5 créatures qu'on croirait sorties d'un conte... Alors que non.

Jean de La Fontaine en perdrait les eaux.

Notre planète compte environ 8,7 millions d'espèces vivantes, dont 6,5 millions évoluent sur la terre ferme et 2,2 millions en milieu aquatique. Selon l'estimation la plus précise jamais effectuée, datée de 2011, et parue dans la revue scientifique américaine Plos Biology. Seulement 1,23 million (14,1%) d'entre elles ont été jusqu'à présent découvertes, décrites et cataloguées. Certains scientifiques estiment même qu'il y a eu cent millions d’espèces qui ont existé, si l'on prend en compte celles qui ont vécu su Terre depuis l'apparition du vivant.

Il est donc normal que les humains du monde entier se mettent à fantasmer lorsqu'il s'agit d'évoquer l'inconnu du règne animal. Ce que nous disent ces statistiques c'est que, des anciennes Chimères au plus récent Cthulhu, en passant par les Bigfoots, Yétis, Dragons, Minotaures, Dahus et autres Licornes, les rêveurs ne sont pas au courant qu'il existe des créatures qui prouvent que la réalité colle parfois une sacrée droite à la fiction.

Ce ne sont pas les spécimens ci-dessous qui diront le contraire. Je vous présente 5 de mes nouveaux meilleurs potes.

1 - Le Requin-Lutin.


Il vit entre 30 et 1300 mètres de profondeur (ouf  !). Il peut atteindre entre 3 et 4 mètres de long à maturité, voire un peu plus (argh!). Aucun autre requin ne lui ressemble, en même temps on les comprend : son corps flasque, son long museau aplati, ses petites nageoires qui le rendent lent par nature, ses mâchoires extensibles remplies de clous, qui donnent presque l'air de pouvoir faire leur vie toutes seules... Non, pas très sex, pas très glam, notre ami requin-lutin (on va l'appeler Serge, tiens). Serge compense tout de même son physique ingrat par de petits gadgets bien sympas qui en font un prédateur capable de chasser aussi bien au fond de la mer qu'au milieu. Son long museau, par exemple, est recouvert de capteurs sensoriels qui lui permettent de détecter les champs électriques produits par ses proies, qu'il peut alors capturer d'un jaillissement de ses mâchoires, dans une gerbe de sang et d'écailles, avant de les avaler. Bien que Serge et ses congénères aient été découverts il y a presque un siècle, et qu'un petit nombre d'entre eux soient régulièrement capturés par la pêche en eaux profondes, on n'en sait que fort peu sur cette espèce difficile à trouver. Très abondants sur toutes les côtes du Crétacé, seules quelques centaines de spécimens de ce requin d'aspect préhistorique ont été capturés.


2 - Le Greta Oto.

 
On trouvera des Greta Oto exclusivement en Amérique Centrale, et plus précisément du Mexique au Panama. Et c'est bien dommage car ce sont de bien beaux spécimens de papillons connus pour avoir de superbes ailes transparentes. Comme nombre de ses congénères, ce papillon butine des fleurs. Par contre, pas comme nombre de ses congénères, Oto le Greta préfère pondre ses œufs sur des plantes tropicales toxiques, et les chenilles rouges et violettes à rayures qui en sortent sont elles aussi bien évidement toxiques, ainsi que les Greta Oto adultes eux-mêmes, au final du processus, c'est étudié pour. Car les larves se nourrissent des toxines de la plante. Cette toxicité à l'état larvaire perdure chez l'adulte sauf que lui (les mâles exclusivement) convertit les toxines en phéromones pour attirer les gonzesses, ce petit malin... Adultes, les Greta Oto affichent de plus un certain nombre de comportements intéressants, parmi lesquels une capacité à la migration de masse, ainsi que la constitution de ce que l'on nomme aire de parade, véritable compétition de séduction, grand rassemblement de prétendants mâles dans une « arène » ou les prises de bec, solos, lazzis et autres numéros d'acteur sont donnés, dans le respect d'un protocole très carré et scrupuleux, afin d'impressionner les femelles qui y assistent, et viendront au final y désigner un (ou parfois même plusieurs) Prince Charmant. C'est un phénomène généralement observé chez les oiseaux et les poissons...


3 - La Fourmi de Velours.


Vous vous êtes spontanément laissé aller à exprimer votre ravissement par un « oooh c'est trop chouuu ! » accompagné d'une sensation de chaleur dans la poitrine ? Eh bien dans une zone tropicale ou désertique, vous seriez déjà peut-être foutu... Ne vous laissez donc pas attendrir. Comme son joli nom flatteur ne l'indique pas, la Mutillidae, comme l'aurait appelée Jules César, est une espèce de guêpe. Le mâle est pourvu d'ailes, la femelle non. Ce qui lui confère cet air de fourmi. Mâles comme femelles doivent leur aspect chatoyant à une couche de poils dont la couleur, qui varie énormément selon les individus (bleues, rouges, jaunes... celle de la photo est une variété nommée Fourmi Panda.) sert de signal aposématique. Équipée d'un bon gros dard bien réglementaire, les Mutillidae sont célèbres pour leur piqûre extrêmement douloureuse et c'est alors que l'on comprend pourquoi on les appelle également Tueuse de vaches. Pour ajouter à ce côté Badass, sachez que la tueuse de vaches est pourvue d'une carapace très solide, à un point tel que plus d'un scientifique y a perdu des épingles avant de pouvoir monter une collection sur panneau. C'est cette carapace qui leur donne également la possibilité d'entrer dans le nid, le terrier, la ruche de leurs proies comme chez eux, sans avoir peur d'éventuelle morsures, piqûres... Oh oui et aussi : le mâle est tellement plus gros que la femelle que lors de la reproduction, il n'est pas rare de le voir emmener sa dulcinée sur son dos pour l'emmener vers des contrées plus tranquilles, et lui montrer comme il est costaud...


4 - Le Poisson Chauve-Souris des Galapagos.

Que voilà un poisson pas commun ! 


Endémique des îles Galapagos, ce petit pépère aux faux
air d'un héros Walt Disney blasé et paumé en plein after du Macumba Night laisse, au premier abord, tellement perplexe que l'on comprend la panoplie de noms différents dont il est affublé : Ogcocephalus Darwini, Poisson Chauve-Souris à Lèvres Rouges, Platax à Lèvres Rouges, Poisson Lèvres-en-Feu, ou même le plus souvent Poisson Rouge à Lèvres Rouge ou Poisson Rouge à Lèvres Rose (pour le petit cousin du Costa-Rica). Je vais épargner vos muscles labiaux, maxillaires et vos cordes vocales, je vais l'appeler... Serge.

Serge appartient à une ordre unique de poissons ressemblant à des raies, qui vivent, en solitaire ou en petits groupes, entre 200 et 1000 mètres de profondeurs. Piètres nageurs, ils utilisent leurs nageoires pectorales pour « marcher » sur le fond de l'océan. Serge mesure généralement jusqu'à 50 centimètres et son corps triangulaire, couvert de bosses et d'épines, est pourvu d'un piège à proies redoutable : tout comme sa célèbre et terrifiante cousine la Baudroie des Abysses, (qui vit elle entre 1 et 3 kilomètres de profondeur) il est équipé, à maturité, d'une corne frontale pourvue de poils qui secrète un liquide agissant comme un appât chimique, dont il se sert pour attraper poissons, crustacés et vers marins, qui constituent sa pitance préférée.


 
5 - L' Umbonia Spinosa


Aucun lien avec un certain philosophe. Cette petite créature, que ne renieraient pas les créateurs de Starship Troopers, est un insecte, parasite de plantes et d'arbres fruitiers. Il figure dans ma liste pour des raisons purement esthétiques, car pour l'instant, les scientifiques ne savent pas grand chose de cette petite bébête, sinon qu'elle utilise un bec pour attaquer écorces et branches afin d'en tirer la sève dont elle se délecte, et qu'elle figure quelque part dans l'arbre généalogique de la Cigale.



BONUS :

Le Papillon Caniche du Venezuela.


Pour terminer, laissez-moi vous présenter ce petit être à part : on croyait à un canular... il n'en est rien. Découvert au Venezuela en 2009 par Arthur Anker, un zoologue Kirghiz, ce pokémon... ce papillon, pardon, est devenue en l'espace de quelques semaines une véritable star sur internet. Repris à toutes les sauces, il est même devenu un « meme internet » très prisé. Cette mise en avant, doublée d'un aspect fortement inhabituel, enfantin, presque parodique, ont largement contribué au désintérêt de la communauté scientifique, qui depuis, intrigué par la quand même très impressionnante collection de clichés du Dr Anker, a considéré que la bestiole était en fait trop étrange pour n'être pas réelle.

Malheureusement, ce regain d'intérêt ne datant que de 2012, on en sait aujourd'hui très peu sur le papillon le plus touffu du monde, sinon qu'il à de grandes chances d'être une des variations jusque là inconnue parmi les 15 espèces répertoriées de papillons Artace d'Amérique du sud. En attendant de plus amples informations, on n'a alors plus qu'à s'adonner au plaisir des yeux.


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"Je chante les héros dont Ésope est le père,
Troupe de qui l'histoire, encor que mensongère,
Contient des vérités qui servent de leçons.
Tout parle en mon ouvrage, et même les poissons:
Ce qu'ils disent s'adresse à tous tant que nous sommes;
Je me sers d'animaux pour instruire les hommes."

Jean de la Fontaine.

1 commentaire:

  1. Excellent ! J'adore le papillon caniche, un subtil mélange entre mignon et tête d'abruti... Dans les abysses, t'en a un paquet des drôlement flippants...

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